BOUCHERIE DE L’ESPÉRANCE
Mise en scène : François Fehner et Nathalie Hauwelle | Création : 2012
Avec : Bénédicte Auzias, Marion Bouvarel, Ines Fehner, Alexandra Malfi, Ibrahima Bah, Antoine Bersoux, Ludovic Beyt, Thomas Bodinier, Thierry de Chaunac, Chiko Denja, Lakhdar Hanou et Joachim Sanger
Musique : Ludovic Beyt, Lakhdar Hanou
Chant : Aïda Sanchez | Musique : Ludovic Beyt, Lakhdar Hanou, Antoine Bersoux et François Fehner
Lumières : Ouich Lecussan et Josselin Roche | Son : Anne Bouchicot et Josselin Roche
Scénographie : Nathalie Hauwelle | Photos : Jean-Pierre Estournet
Décor : Ouich Lécussan, Josselin Roche et Bertrand Trocmé | Costumes : Marie-Pierre Hauwelle, Lilie Lê Liêu
Hélicoptère, effets spéciaux : François Fehner
Difficile de parler de Mohamed sans parler de Moïse et vice versa : ces deux-là ont grandi ensemble, soudés l’un à l’autre dans un destin commun, comme le pile et le face d’une même pièce, lancée et relancée sans trêve dans un jeu délibérément truqué… Pile ou face aussi d’un même mur qui partage leur maison, et d’une abracadabrante histoire de voisinage où s’invite joyeusement tout un folklore bariolé : serpent, ânes, coqs, généraux, Staline, Castro, balais et combat de boxe, sur un rythme endiablé !
« Avec « La Boucherie de l’Espérance », nous renouons avec les premières réalisations de l’Agit (« Les Funambules », « Le Cabaret Tchekhov », « Jacques et son Maître »…) autour d’un collectif d’acteurs. L’écriture et le propos seront requestionnés par le plateau. La musique est composée et interprétée par un homme orchestre, Ludovic Beyt, déjà compositeur des musiques du « Cabaret Rose et Noir » et de « On/Off ». Il est assisté de Lakhdar Hanou (joueur de Oud). Les chants ont été composés et mis en place par Aïda Sanchez. L’écriture de Kateb Yacine contient en elle-même une très forte théâtralité, inspirée à la fois du théâtre grec antique, de la comédie italienne et du théâtre de l’absurde (à travers la tradition orale orientale du « Hodja » par exemple). Cette forme parfois difficile à saisir à la lecture apparaît limpide dès qu’elle s’interprète sur un plateau. Elle propose des voies pour un renouveau de forme, pour un théâtre populaire, préoccupation constante dans le travail de l’Agit depuis sa création. « La Boucherie de l’Espérance » parle du conflit israélo-palestinien, qui cristallise les problèmes des relations entre communautés dans nos sociétés occidentales et plus particulièrement dans les quartiers populaires. Kateb analyse le problème à la racine, décrypte les influences et les responsabilités du capitalisme occidental, du communisme et la participation des états de l’Est et de l’Ouest dans cet abcès de fixation dont les solutions nous apparaissent de plus en plus lointaines. Sans simplifier les choses, il expose en utilisant le chœur antique, le burlesque et une forme très métaphorique, les tenants et les aboutissants qui ont pu mener à une situation aussi inextricable. Cette leçon d’histoire qu’il nous fait, j’aimerais la faire partager à la jeunesse des quartiers dans lesquels nous travaillons. Le choix d’un auteur maghrébin rend possible cela. Par sa valeur pédagogique, par sa forme sollicitant l’imaginaire, l’humour et le corps, par des phénomènes de vibration ou de collision, le théâtre peut être à l’origine d’une remise en question des idées reçues. Comme en font le constat certains éducateurs et travailleurs sociaux, c’est autour du conflit israélo-palestinien que de nombreux jeunes des quartiers se politisent. Malheureusement les informations dont ils disposent et la couverture médiatique qui en est faite, chargées d’images émotionnelles, ramènent à une lecture du problème qui dérive souvent vers des comportements communautaristes et antisémites. Comment faire en sorte que ces prises de positions ne se limitent pas à ces dérives. Avec la « Boucherie de l’Espérance » nous espérons, à partir d’une proposition fictionnelle et poétique, créer une matière qui s’en démarque et qui présente une alternative à une analyse préfabriquée et sensationnaliste des questions posées. Nous travaillerons, en résidence dans les quartiers, à confronter ce projet à la parole des jeunes et à susciter le débat. L’action se déroule entre 1947 et 1967 dans un pays désertique convoité par les puissants de ce monde. C’est l’histoire de deux pauvres gars, Mohamed le chômeur et Moïse le balayeur qui se partagent la même maison, séparés seulement par un mur mitoyen. La maison sera vendue, le mur détruit, devenant pour les uns mur des lamentations, pour les autres, étal de boucher. Ces deux pauvres hères, tendres complices paumés dans le chaos du monde, érigés en ennemis par les pouvoirs militaires, laïques et religieux, essayent de se sortir des ingérences extérieures par leur malice. A travers la figure du J’Ha, sorte de toto philosophe de la culture arabe, ils seront tour à tour pauvres parmi les pauvres, prophètes, bouchers ou combattants boxeurs. Entre victimes et bourreaux, ceux qui tiennent les murs, puisant dans les fumées et le temps qui s’étire, lucidité, humour et âpreté, inventent une nouvelle pensée philosophique qui les entrainent désespérément hors des cordes. Ces désœuvrés (hitistes ou harragas comme les décrit Fellag) sont aujourd’hui certains des penseurs de la rue et initiateurs des évènements récents dans le monde arabe. » François Fehner
Presse
« Aborder le conflit Israëlo-Palestinien avec autant d’humour et d’imaginaire, il fallait oser. Chapeau. » | E. Dourel / 20 minutes – octobre 2012.
« Théâtre de l’imagination autant que de l’itinérance, substituant magistralement au froid de l’information le chaud de la Représentation. » | Le Clou dans la Planche – octobre 2012.
« L’Agit a su traiter avec humour et liberté de ton ce sujet explosif et proposer peut être une alternative à l’analyse préfabriquée et sensationnaliste de ce conflit inextricable. »
Avec l’aide de la Mairie de St Girons, Agence de Développement de l’Economie Culturelle du Pays Couserans, Festival Les Passagères, Harri Xuri, Théâtre Georges-Leygues à Villeneuve-sur-Lot, Théâtres Sorano-Jules Julien, La Grainerie et Villeneuve en scène, La mairie de Montberon(31).
Avec le soutien de la Mairie de Toulouse, le Conseil Général Haute-Garonne, la Région Midi-Pyrénées, le Grand Toulouse, l’ADAMI, la Copie Privée et la Spedidam.
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